Dans une société où le rythme effréné est devenu la norme, l’adage de ma grand-mère trouve une résonance particulière : « Ne jamais mettre tous ses œufs dans le même panier ». Cette philosophie, loin d’être désuète, est aujourd’hui corroborée par des études sur la qualité de vie au travail, démontrant un glissement des priorités depuis 1990. Si le travail occupait en 1990 la première place dans le cœur des Français, en 2024, il se retrouve relégué en quatrième position, derrière la famille, les amis, et les loisirs. Cet article explore l’importance vitale d’un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, enrichi par des données récentes et des stratégies pour atteindre cette harmonie tant convoitée.
Des chiffres révélateurs sur le bien-être au travail
Quels sont les derniers chiffres concernant le bien-être au travail et comment les interpréter? La récente étude de Qualisocial, menée avec Ipsos auprès de 3 000 employés français, apporte des éléments de réponse. Elle révèle que :
- 53 % des salariés se désintéressent de leur travail, tandis que 67 % s’y rendent par habitude, voire à contrecœur.
- Un Français sur deux ne se sent pas en bonne santé.
- Pour 88 % des interrogés, la qualité de vie au travail (QVCT) est jugée prioritaire ou importante.
- En 2024, après quatre ans de dégradation de la santé, la sécurité et le bien-être au travail, accompagnés des relations humaines, s’imposent comme des priorités.
Concernant spécifiquement les habitants de la région Grand-Ouest, une enquête d’Ouest-France pour Harmonie Mutuelle en mai 2023 met en lumière que :
- 26 % des salariés aspirent à donner plus de sens à leur activité professionnelle.
- 74 % des résidents de Normandie, de Bretagne et des Pays de la Loire trouvent leur travail éprouvant, tant sur le plan nerveux que physique.
- Depuis la crise sanitaire, 29 % des personnes interrogées ne voient plus leur travail de la même manière et désirent y apporter plus de sens.
- 21 % ont pris du recul par rapport à leur profession.
Ces données soulignent l’urgence pour les dirigeants d’agir en faveur du bien-être et de la prévention au travail. Comme le souligne Stéphanie Evanno, les initiatives telles que les baby-foot ou les salles de sport sont insuffisantes. Le bien-être au travail repose essentiellement sur :
- La bienveillance au sein des équipes,
- Une communication efficace,
- L’attribution de sens au travail,
- Un environnement et des missions clairement définis,
- Un engagement prononcé de la direction et des managers.
Ces éléments constituent le socle d’un environnement de travail épanouissant, favorisant le bien-être et la productivité des salariés.
Les impacts d’un déséquilibre sur la santé
L’absence d’équilibre peut avoir des conséquences désastreuses sur la santé physique et mentale.
Des études récentes soulignent que « le stress et la charge mentale sont le troisième facteur de risque d’infarctus pour les femmes ».
(Source : Héloïse Rambert -article publié dans le journal Le Point le 22/02/2024- Santé cardiovasculaire des femmes : la prévention, le pied sur l’accélérateur).
Témoignages et études de cas de personnes ayant atteint un équilibre satisfaisant
Des histoires inspirantes de personnes qui ont réussi à équilibrer leurs différentes « paniers » peuvent servir de modèle. Comme par exemple l’histoire d’Audrey Responsable Ressources Humaines (RRH) dans un grand groupe français. En poste au sein de cette entreprise depuis 7 ans, Audrey a aujourd’hui 37 ans. Et elle a déjà accompli un cheminement crucial !
Très investie et engagée dans son travail, les premières années d’Audrey étaient consacrées à 70 % à son travail, à se déplacer fréquemment sur les différents sites de production français afin d’être en soutien des managers et des collaborateurs.
Audrey trouvait énormément de plaisir et de satisfaction dans son travail. Mais elle observait que ses 70 heures par semaine (et week-end) consacrées aux problématiques très complexes professionnelles ainsi qu’à ses dossiers qu’elle ramenait souvent à son domicile empiétaient sa vie de couple et sa vie sociale. Par exemple, lorsqu’elle était en compagnie de son mari ou de sa famille ou de ses amis, Audrey remarquait que certes son corps était présent, que ses émotions étaient également un petit peu dans l’instant présent (la joie par exemple) mais que son mental était ailleurs !
En effet, Audrey repensait soit à la réunion du jeudi précédent soit au déplacement du lundi matin….. Et cela créait une certaine charge mentale, de la fatigue chronique, de l’irritation de plus en plus fréquente, une dispersion et une perte d’efficacité qui impactaient à la fois son environnement privé et professionnel.
Des discussions approfondies avec son mari et avec un coach individuel ont permis à Audrey de faire évoluer son rythme de vie. Ces échanges lui ont permis de prendre conscience que ses valeurs fondamentales étaient le travail, la famille et le partage. Cette identification de ses principales valeurs ont été un levier motivationnel crucial pour Audrey car elle a décidé de répartir de façon plus équilibrée son temps et son énergie dans ses différents domaines de vie.
Ainsi, après s’être fait accompagnée par un coach, elle s’est autorisée à ce que son :
- travail représente 50% de son temps,
- sa famille (couple et famille proche) représente 30% de son temps
- sa vie sociale (amis, loisirs…) 20% de son temps
Aujourd’hui, à 37 ans, Audrey attend son deuxième enfant. Toujours RRH dans son entreprise, elle reste très engagée et disponible pour accomplir ses objectifs mais en prenant une certaine hauteur face aux situations : par exemple, Audrey
- Audrey ne se sent plus responsable de toutes les problématiques rencontrées dans l’entreprise,
- Elle remet chacun face à ses rôles et responsabilités,
- Elle a mis en place des actions de développement des compétences des managers pour les rendre davantage acteurs et savoir déléguer avec efficacité auprès de leurs collaborateurs.
Audrey se sent épanouie aujourd’hui dans sa vie privée et professionnelle et heureuse de s’être donnée les moyens de ne plus mettre tous ses œufs dans le même panier !
Quel est le prochain challenge que veut réussir Audrey ? S’accorder 10% de son temps et de son énergie pour son plaisir personnel (penser uniquement à elle en refaisant du sport par exemple). Cela est un défi important à relever et pas évident pour Audrey qui est une femme très dévouée aux autres personnes et qui a tendance à oublier de satisfaire ses propres besoins. En revanche, ayant bien compris que son bien-être et sa performance étaient interdépendants et que plus elle s’accorderait de temps pour honorer ses valeurs et ses besoins, plus elle s’épanouirait et serait disponible et efficace pour les autres personnes.
Le rôle du coaching
Cet exemple illustre bien de quelle façon le coaching peut aider à atteindre cet équilibre.
L’impact positif d’un accompagnement professionnel est maintenant bien établi parce qu’il permet à la personne de se questionner sur ce qui a du sens dans sa vie, sur ses valeurs, ses besoins, ses forces, ses ressources, ses ambitions
Ses peurs, ses croyances limitantes….sur son environnement et sa relation à son environnement. Bref, le coaching permet une meilleure connaissance de soi ce qui génère un changement en soi et avec son environnement.
Conclusion
La recherche d’un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est un voyage continu, semé d’apprentissages et de découvertes. En fin de compte, ne pourrait-on pas dire que la véritable clé du bonheur est de savoir jongler habilement avec nos multiples « œufs » ?